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Recueillir la constance, et dérober la trace ;
Quand nous serons à bord, tu reprendras ta place.

O Maria, partons ! Ne sommes-nous pas nés,
Pour mêler de nos jours les fils prédestinés ?
Comme un souffle alisé, dont l’uniforme haleine
Balance également les herbes de la plaine,
L’amour, le même amour, n’a-t-il pas à la fois
Fait vibrer nos deux cœurs, marié nos deux voix ?
Pourquoi donc désunir ce que le sort rassemble,
Et gémir séparés, au lieu de fuir ensemble ?
Fiancés par l’espoir, allons en liberté
Resserrer loin du blâme un hymen agité.
Si le ciel, Maria, sous tes grâces mortelles,
N’a fait, pour les cacher, que replier tes ailes,
Entraîne-moi, mon ange, au-delà des revers,
Et ne pose ton vol qu’en ces champs toujours verts,
Où l’air, plus savoureux que les fleurs qu’il caresse,
Die ses esprits de flamme embaume la tendresse.