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Mon front d’aucuns lauriers n’offre la cicatrice ;
J’ai l’instinct du fardeau qu’impose leur cilice :
Il ne m’a point courbé. Quand mes yeux inquiets
Ont des fastes humains compulsé les feuillets,
J’ai toujours vu les noms, dont s’honore l’histoire,
Ecrits avec des pleurs, qui font honte à la gloire :
Je l’ai maudite alors, mais jamais mon orgueil
N’a rêvé la faveur de briller sous son deuil.
Inutile abandon de la foi de soi-même !
J’ai presqu’autant souffert que sous un diadême,
Et pauvre, j’ai pâti dans mon obscurité,
Comme un triomphateur dans l’immortalité.

Peut-être étais-je né sous l’astre du martyre,
Car il n’est point peut-être une corde à ma lyre,
Que n’ait, à la briser, fait vibrer la douleur.
Je n’ai jamais, poussé par la main du malheur,
Marché sur cette terre, en broussailles féconde,
Sans laisser de ma vie aux épines du monde.