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Et tes eaux dont, le soir, les flottantes allées
Balançaient le sommeil de deux âmes mêlées.
Mais toi, quel souvenir te laisseront mes jours ?
Quel sillon sur la plaine, où serpenta leurs cours,
Inspirera demain un mot qui me rappelle ?
De nos pas négligés le vestige infidèle,
Sur l’herbe, ou sur le sable, est si vite effacé !
Qui se souvient de nous, quand nous avons passé ?

Vous pleurerez peut-être un instant mon absence,
Maria ; puis le monde, étalant sa puissance,
Vers son bruyant dédale attirera vos pas :
A peine saurez-vous que je n’y viendrai pas.
Ma mémoire, un instant, dominera ses charmes ;
Puis, je m’effacerai, par degrés, de vos larmes,
Je n’existerai plus ; car hélas ! ici bas,
Qu’est-ce qu’un exilé, dont on ne parle pas ?
C’est un mort sans sommeil, une cendre animée,
Et dont la tombe est verte, avant d’être fermée.