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Ne me demandez pas quels perfides poisons
Semblent noircir le cours de mes vertes saisons ;
Pourquoi, sous un ciel pur, gardant un front farouche,
Je crois faner les fleurs, aussitôt que j’y touche :
Je l’ignore ; j’entends partout, comme un signal,
Bruire autour de ma vie un oracle fatal ;
Partout, comme un vautour suspendu sur ma joie,
Je sens tourner dans l’air un présage de proie.
Comme l’astre lointain, qui tourmente les mers,
La sphère du malheur régit mon univers :
Le destin m’a doté d’une horrible science,
Et, sûr de l’avenir, j’en ai l’expérience.

Vous pensez qu’une femme a jeté sur mes jours
Un charme, plus puissant même que vos discours,
Et qu’au sein du présent, qui paraît me sourire,
Je traîne des regrets, qui me le font maudire ?
Non : c’est dans l’avenir que le ciel nuageux
Balance de mon sort l’horoscope orageux :