Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

Suspendaient, aux buissons, leurs volantes caroles,
Et semblaient fredonner mes futures paroles.
Lorsque, sous les tilleuls rassemblés en arceaux,
Les soupirs de la brise agitaient les rameaux,
Ou, sur mon livre ouvert, berçant les chèvrefeuilles,
En arabesques d’ombre y promenaient les feuilles,
Je voyais Maria, dans l’avenir prochain,
Sur l’ouvrage commun, qui tremblait dans ma main,
S’inclinant, pour saisir une phrase douteuse,
Pencher, comme un bouquet, sa tête gracieuse ;
Et moi je lui disais : Reste comme tu veux ;
J’aime à lire un chef-d’œuvre à travers tes cheveux ;
Quelque chose de toi, Maria, s’y détache :
J’embellis tous ces vers du voile qui les cache ;
Que sais-je ? Elle était loin ! et je croyais la voir,
Et les mots les plus doux qu’ait inventés l’espoir,
Semblaient tous, à mes yeux, se groupant dans la nue,
Noter, des chants du ciel, une page inconnue.
Mais je ne les lisais, hélas ! que sans témoin ;
Je les oubliais tous, quand j’en avais besoin.