Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée

Caprices enchantés d’un âge encor crédule :
Que de temps leur prestige a meublé ma cellule !
Etait-ce l’avenir, qui, pour m’y préparer,
M’envoyait ces lueurs, qui devaient m’égarer ?
Oui, l’homme, sous son front, que les ans élargissent,
Porte son sort écrit en lettres qui grandissent,
Et pour qui s’interroge, il n’est rien d’imprévu.
Ce songe tentateur, si souvent entrevu,
Ma pensive jeunesse, imprudemment ravie,
Devait le voir enfin s’établir dans ma vie ;
Je devais accomplir ce que j’ai tant rêvé.
Hélas ! tant de bonheur m’était donc réservé ?

Une femme parut, qui, belle et solitaire,
Appartenant au ciel, en passant sur la terre,
Demandait, pour séduire, un langage de plus ;
Et ce qu’elle voulait, bientôt je le voulus.
Je voulus, dans l’orgueil de mon imprévoyance,
Vers des mots inconnus guider son ignorance ;