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Et de vos jours ainsi recomposant le livre,
Vous avez peu vécu, mais vous avez cru vivre.
Vous n’avez point souffert d’un malheur éprouvé ;
Vous souffrez d’un bonheur qui n’est pas arrivé.

Mais laissons à l’écart ce passé fantastique,
Dont je lève, en tremblant, le voile énigmatique ;
Car souvent, ce qu’on cherche, on a peur de le voir.
Ne me suffit-il pas de croire tout savoir ?
Parlons encor de toi, mais parlons d’un autre âge.
De ton enfance ensemble essayons le voyage ;
Là, tu ne craindras pas que mon œil soupçonneux,
D’un lien qui t’accuse interroge les nœuds,
Et foudroie, en arrière, un rival qui m’effraie.
De tes blés recueillis prenant pour moi l’ivraie,
Je veux, pour l’embellir, retrouver ton berceau.
Des larmes de ta vie embrassant le tableau,
Que je puisse, en un rêve, effacer la première,
Comme, sous mes baisers, j’essuîrai la dernière.