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Notre œil, au froncement du cristal tourmenté,
Mesure la tempête et son vol arrêté :
Elle existe ; et pourtant, sous le froid de ses voiles,
L’onde, comme en été, berce encor les étoiles.

Voulez-vous maintenant, qu’exerçant mon regard,
Je ramène vos pas à leur point de départ ?
Voulez-vous, qu’à travers le brouillard des années,
Je retrouve les fleurs que vous avez glanées,
Et que, de vos instans ressuscitant le cours,
J’en déroule à vos yeux la carte et les détours ?
Faut-il vous retracer, Maria, vos chimères,
Comment de l’avenir les rêves éphémères
Ont, usurpant d’abord votre jeune raison,
Des fictions du cœur peuplé votre horizon,
Et comment, aujourd’hui, vous les laissez encore
Suspendre à votre ciel leur flottant météore ?
Chaque songe pour vous, qui l’aviez inventé,
Est devenu plus vrai que la réalité ;