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Quel souffle injurieux, se trompant de saisons,
Sans offenser leur tige, a courbé vos moissons ?
Vous ne connaissez pas ces perfides supplices,
Qui sillonnent nos fronts d’obscures cicatrices ;
Mais d’où vient, dites-moi, ce voile de langueur,
Qui nous semble accuser la fatigue du cœur ?
Qu’avez-vous éprouvé ? Quelle secrète peine,
Sans ternir vos regards, en a mouillé l’ébène ?
Etait-ce de ces maux, dont on cherche à mourir,
Et dont on ne guérit, qu’à force d’en souffrir ?
Maintenant, qu’un péril ne paraît plus à craindre,
Initiez mes pleurs au bonheur de vous plaindre.
Quand une mort jalouse allait vous emporter,
Trouviez-vous que ce monde était triste à quitter ?
Pour y voir un adieu, votre obscure paupière
Eût-elle, en se fermant, invoqué la lumière ?
D’un chagrin, qui console, imploriez-vous l’appui ?
Vous aurait-on pleurée alors comme aujourd’hui ?