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Et du monde, à son gré, variant la peinture,
Semble aux teintes de l’âme accorder la nature.
Le temps même, docile à ses ordres secrets,
Pour chaque rendez-vous, semble choisir exprès,
L’instant, que notre amour aurait choisi lui-même ;
L’influence de l’heure embellit ce qu’on aime.
Nous n’avons, en un jour, qu’un moment pour nous voir,
Et tout s’est arrangé, pour que ce fût le soir ;
L’ombre alors, qui la voile, aplanit notre route,
Et le bonheur qui parle, en rêve un qui l’écoute.

Qui pourrait, maintenant, s’étonner que mes vers
N’aient jamais du matin célébré les concerts ?
Sans doute, auprès de vous, l’aurore, moins stérile,
Trouverait, sous mes doigts, la lyre aussi facile :
Mais souvent sa lumière effraîrait mes accens.
Au lever du soleil, qui stimule nos sens,
Je sais que la pensée a plus de transparence ;
Tout le feu du réveil passe dans l’espérance ;