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Demeure auprès de moi, tu n’as plus rien à craindre ;
Je recommencerai, si tu veux, à te peindre ;
Ordonne, et que ta voix, conduisant mes travaux,
Suspende ton image au vol de mes pinceaux !

Non, non, je ne veux pas essayer davantage ;
Je ne veux plus tenter cet impossible ouvrage.
Quand je consacrerais un siècle à l’esquisser,
J’en passerais, peut-être, un autre à l’effacer :
J’y voudrais ajouter quelque charme suprême ;
Peut-on jamais finir un portrait que l’on aime ?
Si j’étais loin de toi, seul, avec mes regrets,
Peut-être parviendrais-je à mieux fixer tes traits :
On dit que l’infortune est un peintre fidèle,
Et qu’à travers des pleurs, on voit mieux son modèle.
Ne me condamne pas à ce fatal succès ;
Je n’aurais pas le temps d’achever mes essais.
Répudie, avec moi, ces vers dont l’imposture,
Comme une glace indigne, a terni la nature :