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Ma franchise t’afflige— Oh ! ne m’en punis pas !
On peut louer tout haut ce qu’on blâme tout bas :
Et ce que j’ai blâmé, je le chéris peut-être ;
On n’est jamais parfait qu’en s’éloignant de l’être.
Dieu partout, avec art ménageant sa clarté,
Des ombres, qu’il lui prête, embellit la beauté.
Dans l’argent parfumé de leur coupe légère,
Quels Lys n’ont donné place à la brune Éphémère ?
Ne voit-on pas souvent, sans troubler les ruisseaux,
Une feuille glisser sur la gaze des eaux ?
Et l’été, dont les feux dorent nos paysages,
N’a-t-il pas, comme un voile, inventé les nuages ?
Tu le sais mieux que moi, qui les ai combattus :
C’est, grâce à nos défauts, qu’on chérit nos vertus.
Ne te corrige pas, reste avec mes reproches :
Je ne vois rien de toi, que toi, quand tu t’approches.
Je t’ai dit tout le mal que je puis en penser,
Quand ta présence est là, qui vient tout effacer.