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Un cœur, comme le mien, qui ne bat qu’à ton nom,
Dont toi seule es l’idole et la religion,
Qui sait, pour t’adorer, tous les mots qu’on peut dire ?
Hélas ! ce n’est pas là ce qu’une femme admire.
De conquête en conquête, ardente à s’égarer,
Elle ne songe à nous, que pour les comparer.
Qu’importe vingt façons d’exprimer que l’on aime !
Quand il change de voix, le mot n’est plus le même.
Avide, en même temps, d’hommage et de repos,
Il vous faut un amour avec beaucoup d’échos.
Comme un cygne, habitant d’un fleuve solitaire,
Qui, pour les flots du ciel abandonnant la terre,
Vole oublier, au loin, le cristal attristé,
Qui berçait, dans son cours, l’ombre de sa beauté,
Votre sexe inconstant se mire dans notre âme,
Y balance long-temps une image de flamme,
Et, quand vous avez vu le miroir enivré,
Réfléchir de vos traits le trésor adoré,
Vous allez, promenant votre errante victoire,
Dans l’encens des flatteurs en noyer la mémoire.