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Un jour… oh ! dissipez… voilez-moi ce présage,
Cachez-moi l’avenir, qui me trame un orage,
Je ne veux pas pleurer : il faut si peu de pleurs,
Pour troubler dans ces eaux le portrait de nos fleurs !

Qu’il est loin, maintenant, cet oracle morose !
Sous un souffle magique il se métamorphose,
Plus prompt que ce nuage, au couchant suspendu,
Qui semblait dans les airs un navire perdu,
Et qui, sans que notre œil ait vu ses mâts d’écume
Rapprocher les flocons de leurs vergues de brume,
Prêt à changer encor, présente à nos regards,
Sur une mer d’azur, un écueil de brouillards.
Oui le sort, combattu par ta voix fraîche et pure,
Au vent qui l’apporta, disperse son augure.
Il a fui, comme une ombre, à l’approche du jour,
Comme un reproche amer devant un mot d’amour.
Oh ! quand je souffre ainsi, viens toujours à mon aide.
Conjure, en me parlant, le spectre qui m’obsède,