Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/115

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ces rochers cotonneux, ces nappes de nuages,
Qui peuplent de l’éther l’océan sans rivages,
Et semblent, répétés par une onde en repos,
Des îles de vapeurs, qui courent sous les flots !
Entre deux ciels d’azur, balancés sur la plage,
Voyez nos peupliers, nos cippes de feuillage,
Aux étoiles dans l’onde entr’ouvrir leurs rameaux,
Les porter comme un fruit, et l’ombre des oiseaux,
Fendant d’un vol nageur l’ombre de la verdure,
De sa liquide image agiter la peinture.
Par pitié, Maria, pour ce riant tableau,
N’y laissez pas tomber l’ombre de mon pinceau.
Vous, dont l’espoir facile, et dont l’âme légère,
Sait donner de la vie à tout ce qu’elle espère,
Jetez sur ce spectacle un coloris d’espoir,
Car j’y vois, à demi, ce que j’ai peur d’y voir.
Le chagrin, trop souvent, dérangeant la nature,
De nos cœurs, qu’il flétrit, fait un miroir parjure ;
Fidèle à tout saisir, et cependant faussé,
Tout s’y retrace encor, mais tout est renversé.