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La paresse captive attend, pour s’affranchir,
La brise du couchant, qui doit la rafraîchir ;
Et du corps énervé suivant la nonchalance,
L’esprit attend aussi, pour rompre le silence,
Que les baisers du soir, qui raniment les bois,
Viennent rouvrir sa source, et délier sa voix.
Prisonniers du soleil, sa fuite nous délivre ;
Ce n’est qu’à son départ, que l’on commence à vivre.
Le génie engourdi, qu’a courbé la chaleur,
Relève de son front l’inquiète pâleur,
Et la pensée enfin, long-temps tyrannisée,
Ouvre sa fleur nocturne aux pleurs de la rosée.

Vous qui pensez déjà, comme s’il était nuit,
Levez-vous, Maria, voilà le jour qui fuit.
Venez, et comme hier, avares de fatigue,
Nous reprendrons la barque aux roseaux de la digue,
Et du croissant tardif devançant les rayons,
Nous irons sur les eaux, comme un nid d’alcyons,