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Que savons-nous du Dieu, qui nous tient en tutelle,
Et loin de nos prisons, que la mort démantèle,
De la félicité, qui doit nous rajeunir !
Si le vrai paradis est de se souvenir,
Faut-il, quand notre soif déjà s’y désaltère,
N’y rien porter pourtant que l’ennui de la terre !

N’est-il pas doux de croire, en aimant dans ces lieux,
Qu’on prépare déjà ses amitiés des cieux,
Et qu’un être, échappé des pays où l’on pleure,
Ne nous oublîra pas dans sa sainte demeure !
L’hymen des souvenirs dure plus d’un instant :
Moi j’habite d’avance, où je sais qu’on m’attend.
Illusion encor, mais douce et ravissante !
Va, l’on ne meurt jamais, quand on aime ; on s’absente.
L’ami, qu’on perd, renaît au-delà du trépas,
Et si l’on se sépare, on ne se quitte pas.
Son âme bien-aimée, aussitôt qu’on l’appelle,
Apparaît à la nôtre, et voltige autour d’elle.