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Maunoury, a pour mission de contenir et d’inquiéter celle de von Kluck en se portant sur le canal de l’Ourcq ; l’armée anglaise, sous les ordres du général French, l’attaquera de front, au sud du Grand Morin ; le général Foch refoulera l’ennemi entre Fère-Champenoise et Reims, soutenu par le général d’Esperey à gauche et le général de Langle à droite ; enfin le général Sarrail prononcera la courbe en Argonne et sur les Hauts-de-Meuse pour fermer la retraite à l’armée allemande de Champagne et conserver la liaison avec notre armée de Lorraine.


Quel saisissant témoignage de la puissance de notre artillerie, cet amas d’obus abandonnés par l’ennemi pendant la débâcle. (Cl. Chusseau-Flaviens.)

De part et d’autre les états-majors ne se dissimulaient pas l’importance décisive de la formidable lutte qui allait s’engager. Dans l’ordre du jour qu’il lance, à cette minute solennelle, à ses troupes, le général Joffre dit :

« Au moment où s’engage une bataille d’où dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer… »

De son côté, le général von Kluck déclare à ses soldats :

« … Demain, la totalité des forces de l’armée allemande, ainsi que toutes celles de notre corps d’armée, devront être engagées sur toute la ligne allant de Paris à Verdun pour sauver le bien-être et l’honneur de l’Allemagne. J’attends de chaque officier et soldat, malgré les combats durs et héroïques de ces derniers jours, qu’il accomplisse son devoir entièrement et jusqu’à son dernier souffle. Tout dépend du résultat de la journée de demain. »

LA BATAILLE EST ENGAGÉE.

A l’aube du 6 septembre, alors que les premiers feux de l’aurore perçaient les brumes de la nuit, précurseurs d’une journée radieuse, des appels de clairon retentissent le long de nos lignes et de celles de l’armée anglaise ; l’ordre d’avancer est parvenu du grand quartier général ; les régiments aussitôt s’ébranlent, pleins d’espoir, de confiance, d’enthousiasme, magnifiques d’entrain, de légèreté, de souplesse : la bataille de la Marne est engagée…

Au début de l’action l’armée de von Kluck s’étend de Coulommiers à la forêt de Sézanne, le long du Grand Morin. Appuyée sur la forêt de Crécy au centre, sur la Marne à l’ouest, sur la Ferté-Gaucher à l’est, l’armée anglaise l’attaque à la fois de front et à l’aile droite. A son extrême droite, l’armée du général Maunoury, qui couvre le camp retranché de Paris, la tenaille et l’inquiète. Dans la nuit du 6 au 7, la position de von Kluck n’est déjà plus tenable : le général Maunoury, dont les troupes se développent entre Nanteuil-le-Haudouin et Crécy-en-Brie, menace par une progression méthodique