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premières poésies

Sur les vieux univers : amour, gloire, beauté
Enivre mes regards de merveilles sacrées,
Et, traçant par les airs des routes ignorées,
Plonge-moi dans l’éternité !







« Pourquoi, malgré nos pleurs, fuyez-vous sans retour ? »
(Rouffet.)


Jeunesse, amour, beauté, fleurs célestes et frêles,
Vous dont l’éclat si doux et si tendre est, hélas !
Si pareil à celui des roses d’ici-bas,
Qu’une aube vous fait naître et mourir ainsi qu’elles…

Oh ! pourquoi vers les cieux ouvrir sitôt vos ailes ?
Doux oiseaux, pourquoi fuir, au seul bruit de nos pas ?
Restez, restez encor, ne vous envolez pas !
Il est une âme pure, ô mes roses si belles,

Dont vos parfums légers voilent le front charmant,
Un cœur plein d’harmonie et de grâce idéale,
Qui garde vos reflets en son regard aimant ;

Jeunesse, amour, beauté, guirlande virginale,
Faites la terre belle à ses candides yeux,
Et qu’un ange, un moment, daigne oublier les cieux !


Je vous envoie peu de chose, mon Ami, parce