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premières poésies

S’épanche sur mon cœur qui devine tout bas
Celle que vous aimez et ne me nommez pas.



Poète, j’aime, aussi, mais d’amour idéale,
Un jeune cœur voilé d’une ombre virginale,
Et mon esprit créant un doux rêve, au hasard,
Chante son front brillant et son charmant regard.

C’était un soir d’avril aux limpides lumières,
Un soir où le soleil, harmonieusement,
Regardait, plein d’amour, l’humble toit des chaumières,
Ses rayons purs et doux tombaient du ciel dormant ;

Des parfums inconnus aux humaines poussières,
S’épanchaient des parvis du calme firmament,
Quand son œil, soulevant ses humides paupières,
Vint chercher ma pensée, oh ! si pensivement,

Plein de si pure foi, que les splendeurs dernières
Du soleil qui mourait avec enivrement,
Que les parfums du soir et ses molles lumières