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et lettres intimes



VII



Rennes, octobre 1838.


Vous avez douté de moi, mon Ami, et vous avez eu tort. Vous avez voulu prendre pour l’indifférence et l’oubli ce qui n’était que l’étourdissement et la distraction d’un moment, vous vous êtes froissé, vous ne m’avez plus écrit, et nous souffrons tous les deux d’une susceptibilité dont le motif était tout au plus juste. Vous avez eu tort.

Je croyais être mieux connu de vous ; ce n’était pas sur de vaines et toujours fausses apparences que vous deviez me condamner aussi promptement. Si j’ai cessé de vous écrire pendant un court intervalle, votre souvenir, mon cher et bon Ami, n’en est pas moins resté dans mon cœur ; il y était trop bien gravé pour s’effacer ainsi. Vous ne sauriez croire quelle