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premières poésies


V




L’ESPOIR


« Toujours, ô mon Rosa, toujours des vents contraires
Ne déchireront pas la voile de nos frères, »
(A. Barbier, Il Pianto.)

« Les douceurs du printemps, après le vent d’hiver.

(Le Même.)


Parmi nos pleurs amers ce charme intime et doux,
Dans l’ombre du chemin cette flamme sereine,
Si pure au cœur froissé que l’on jette, à genoux,
Un long regard d’attente à sa vie incertaine,

Ce parfum consolant dont le germe est en nous,
Dont on aime la vue et la douceur lointaine,
Ce prestige du cœur, ce long rêve de tous,
Et des jours attendus cette meilleure haleine,

L’avez-vous ressenti ? Secret épanchement,
D’un avenir créé soudain enivrement,
Rayon de force au sein dont la sève est éteinte,

L’espoir, souffle embaumé de vie et de chaleur,
Est un de ces regards d’amour et de bonheur,
Que Dieu laisse tomber de la céleste enceinte !