Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
premières poésies



II


Dinan, février 1838.


Pardonnez-moi, mon cher Rouffet, de ne vous avoir pas écrit, depuis quelque temps. Je répare ma faute. Ce n’est pas par une phrase vaine et habituelle que je commencerai ma lettre, mon Ami, je sais que votre modestie n’y ajouterait pas foi. Cependant, je vous le dis en vérité, j’ai bien perdu en vous quittant.

Tout déplacement produit une espèce de trouble en moi, tant est grande mon apathie physique. Aussi je veux bien la rendre responsable d’une partie de la gêne que j’ai apportée à Dinan. Mais croyez-moi susceptible encore de quelques sentiments de regret et d’affection, car ils sont réels. Il faut que je vous explique ma nouvelle position. Je mange ici avec la plupart des notabilités de la ville,