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premières poésies

 
Ces accords parfumés, échangés sur ton cœur,
Ces doux pensers du ciel, ardents baisers de flamme,
Sainte et vague tristesse, espérance et bonheur,
Tous tes rêves perdus ont passé sur mon âme.

Hélas ! Ils ont passé, comme en toi, sans retour !
Ils ont jeté leur aile à la brise légère,
Ne laissant en leur lieu rien… que douleur amère.
Virginales vapeurs, à l’approche du jour.

Mais tu me restes, toi, n’est-ce pas, mon doux frère ?
Toi qu’un lien si pur vient d’unir à mes jours,
Mélancolique étoile, ô mes seules amours !
Laisse tomber sur moi ton rayon solitaire !


Frédéric Robiou de la Tréhonnais.


Je crois, mon cher Rouffet, à toutes vos souffrances morales, et je me reproche de vous avoir importuné de mes lettres, lorsque le calme et l’isolement devaient vous être plus agréables. Soyez persuadé cependant que, si j’avais pu prévoir votre disposition d’esprit, je ne me serais pas jeté niaisement en travers de votre douleur, et que j’aurais attendu, avec l’impatience d’un sincère désir, il est vrai.