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premières poésies



LVI


Rennes, 18 mai 1840.


Vous avez sans doute appris ou lu, mon cher Ami, que le Gouvernement vient d’obtenir de l’Angleterre la permission de transporter en France les cendres de l’Empereur. On l’ensevelira dans l’intérieur des Invalides, et Victor Hugo s’est chargé de l’hymne d’apothéose, Tout cela est magnifique ; mais, comme je ne suis pas républicain pour des prunes, j’ai fabriqué ceci hier soir :




LA CENDRE DE NAPOLÉON


Ils vont donc te ravir à ton roc escarpé,
Poussière de celui que la foudre a frappé !
Ô peu qui dors encor de l’immortel esclave,
Tu vas abandonner, pour un étroit cercueil,
L’hymne des flots profonds, chant de gloire et de deuil,
Le ciel étincelant sur ton urne de lave ;