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et lettres intimes



LII


Rennes, mars 1840.


Vous l’avez dit, mon cher Rouffet : nous sympathisons beaucoup mieux de loin que de près. Il n’est pas difficile de deviner pourquoi. Vous êtes, au fond, un excellent garçon ; mais jamais je n’ai rencontré votre égal en originalité. De mon côté, je suis emporté de caractère, et considérablement fatigué des autres hommes : il était donc impossible que nous puissions vivre en bonne intelligence. Notre correspondance sera naturellement dégagée des mille et une minuties de la vie matérielle, et nous ne nous en porterons que mieux sous le rapport intellectuel ; car, vous le pensez aussi, n’est-ce pas ? nous sommes plutôt faits pour nous entendre de l’âme que de vive voix. Continuez donc à m’écrire.