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premières poésies



XLVII


Rennes, novembre 1839.
À NOS VERS


Allez, frêles accents de nos âmes pensives,
Qui nous êtes si doux,
Allez mourir plus loin, ô notes fugitives,
Feuilles, envolez-vous !

Oh ! si les rossignols, ces lyres immortelles,
Protégeaient un seul jour
Votre destin fragile à l’ombre de leurs ailes,
Qu’au soleil de la gloire a fait briller l’amour,

Oh ! vous pourriez alors plus tard renaître encore
Et, plus harmonieux,
Aux plaines d’ici-bas chanter toute l’aurore,
Et le soir dans les cieux !

Mais non ; vous passerez comme deux voix amies,
Qui loin d’autres accents, loin du bruit d’autres pas,
De doux rêves, d’espoirs, d’illusions flétries
S’entretiennent tout bas ;