Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
et lettres intimes

avis, mon cher Rouffet, et vous me ferez toujours un grand plaisir, puisque ce sera une preuve d’intérêt.

Le commencement de votre chant du matin est très frais ; il s’y trouve des strophes qui, comme celle-ci, sont fort belles :

Le soleil ! le voilà dans sa magnificence,
Un nuage de feu l’étreint avec amour,
L’orbe des cieux s’emplit de sa vaste présence,
Et, sublime, il s’élève en nous versant le jour…


Mais j’ai peur que vous ne vous éloigniez trop de votre sujet spécial, en chantant les louanges de Dieu comme créateur seulement ; c’est-à-dire que vous auriez dû, je pense, vous borner à décrire ou à louer le charme de l’aurore, et puis, comme vous l’avez fait, réunir le chant du matin et celui du soir pour bénir Dieu. Votre pièce n’est peut-être pas assez longue. Vous voyez que je suis encore plus sévère que vous. Tout cela n’empêche pas que vos vers ne soient charmants, comme d’habitude.