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premières poésies



XXXV



À UNE GALÈRE[1]


         Par les flots bleus, rubis, topaze,
         Émeraude que l’or embrase,
         Nacelle à la voile de gaze,
         Sous l’haleine du vent plaintif,
         Où va ta course fugitive ?
         Étoile de la mer pensive,
         Dis, vers quelle lointaine rive,
         S’envole son léger esquif ?

         Apprends-nous où ta fantaisie
         Promène ta grâce choisie,
         Brillant rayon de poésie ;
         Suis-tu le caprice du vent
         Vers l’ombre ou bien vers la lumière ?
         Carène frêle et passagère,
         Ta voile à l’éclat éphémère
         Veut-elle les feux du Levant ?

  1. Zoophyte des mers du Sud.