Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
et lettres intimes

ont jamais oublié. Tâchez donc de le faire, mon Ami, et vous me rendrez bien heureux.

Je viens d’apprendre la mort d’une de mes connaissances de Dinan. C’est un pauvre jeune homme, atteint, depuis deux ou trois mois, d’une phtisie pulmonaire. Sa maladie a fait de rapides progrès, comme vous le voyez ; mais il a puissamment aidé à son développement par des excès de tous genres. Je ne le connaissais que fort peu. Cependant sa mort m’a péniblement affecté. Qu’est-ce donc, mon Dieu, lorsqu’elle frappe un être plus cher ? C’est un si terrible mystère que cette décomposition subite de notre pauvre organisation. La foi d’un autre monde est un bien puissant appui, et je plains sincèrement celui qui ne l’a pas.

Robiou m’écrivait qu’il a déjà composé trois cents vers sur la mort de Drouin ; vous voyez que le camarade ne perd pas son temps. Je lui ai annoncé qu’il emporterait d’assaut le royaume des cieux, sur la foi de ceci : Beati pauperes spiritu. J’attends maintenant qu’il me remercie, et il me remerciera.