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et lettres intimes
XXV
Rennes, mai 1839.
Le sujet de votre pièce est, en effet, fort
beau, mon cher Ami, et votre poésie l’a revêtu
du charme qui lui est propre. J’aime surtout
ce passage-ci :
« Et je rêve… ; aucun bruit ne trouble le silence
Qui sur ces morts nombreux abaisse une aile immense,
Que la voix de la mer dont le glas solennel
Frappe l’écho sacré d’un murmure éternel. »
Vos vers, à mon avis, sont là, pleins, graves et solennels, comme le silence et comme ce murmure infini qu’ils décrivent. Comment ne pas aimer ces peintures profondes, et terribles parfois, sans cesse touchantes, de la nuit, dans ce lieu de la désolation humaine ? Pour moi, j’éprouve une sensation pénible et pourtant heureuse, soit en présence de cette réalité su-