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Oh ! parle-moi ! Ta bouche est comme la fleur rose
Qu’un baiser du soleil enflamme à peine éclose,
La fleur de l’açoka dont l’arome est de miel,
Où les bleus colibris boivent l’oubli du ciel !
Oh ! que je presse encor tes lèvres parfumées,
Qui pour toujours, hélas! me vont être fermées;
Et, puisque j’ai vécu le jour de mon bonheur,
Pour la dernière fois viens pleurer sur mon cœur !


Comme on voit la gazelle en proie au trait rapide,
Rouler sur l’herbe épaisse et de son sang humide,
Clore ses yeux en pleurs, palpiter et gémir,
La pâle jeune fille, avec un seul soupir,
Aux pieds de son amant tombe froide et pâmée.
Épouvanté, baisant sa lèvre inanimée.