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Tout bruit décroît ; l’oiseau laisse tomber ses ailes,
Les feuilles du bambou ne chantent plus entre elles,
La fleur languissamment clôt sa corolle d’or
À l’abeille qui rôde et qui bourdonne encor ;
Et la terre et le ciel où la flamme circule
Se taisent à la fois devant le dieu qui brûle.
Mais voici que le long du fleuve, par milliers,
Tels qu’un blanc tourbillon courent des cavaliers ;
Des chars tout hérissés de faux roulent derrière
Et comme un étendard soulèvent la poussière.
Sur un grand éléphant qui fait trembler le sol.
Vêtu d’or, abrité d’un large parasol
D’où pendent en festons des guirlandes fleuries,
Le front ceint d’un bandeau chargé de pierreries,
Le vieux Maharadjah, roi des hommes, pareil
Au magnanime Indra debout, dans le soleil,