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POÈMES BARBARES.


Mais, par le Très-Puissant que l’épouvante annonce,
Je briserai le Veau de Béth-El ! Je promets
D’ensevelir Baal sous la pierre et la ronce ! —

L’homme de Thesbé dit : — Ô fourbe ! désormais
Tu ne renîras plus la clameur de tes crimes :
Ils ont rugi trop haut pour se taire jamais.

Comme un nuage noir qui gronde sur les cimes,
Voici venir, pour la curée, ô Roi sanglant,
La meute aux crocs aigus que fouettent tes victimes.

Va ! crie et pleure, attache un cilice à ton flanc,
Brise sur les hauts lieux l’Idole qui flamboie…
Les vengeurs de Naboth arrivent en hurlant !

Ouvre l’œil et l’oreille. Ils bondissent de joie,
Ayant vu dans la vigne Akhab et Jézabel,
Et de l’ongle et des dents se partagent leur proie ! —

Or, ayant dit cela, l’Homme de l’Éternel,
Renouant sur ses reins sa robe de poil rude,
Par les sentiers pierreux qui mènent au Carmel,

S’éloigne dans la nuit et dans la solitude.