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LES PARABOLES DE DOM GUY.

J’ai vu le sire Abbé se lever lentement
Au bout du réfectoire infect et tout fumant ;
Et sa tête toucha les poutres enflammées ;
Et j’ai vu les deux mains d’ongles crochus armées,
La face où le regard divin a flamboyé,
Et j’ai vu que c’était Satan, le Foudroyé !

Un silencieux rire ouvrit ses blêmes lèvres
Que dessèche la soif des ineffables fièvres.
De son il rouge et creux comme un gouffre, soudain
Jaillit un morne éclair de joie et de dédain ;
Il dit : — Holà ! C’est l’heure ! — Et voici qu’à cet ordre,
Tandis que les repus commençaient de se tordre
Et de geindre, voilà que, par milliers surgis,
Marmitons, queux, servants, avec des pals rougis,
Des fourches, des tridents et des pieux et des piques,
À la file embrochaient les moines hydropiques,
Et jetaient, toute chaude et vive, dans l’enfer,
La Goinfrerie, ayant pour abbé Lucifer !


VII


L’Esprit m’a flagellé rudement en arrière
Des temps, et j’ai revu, sous Rome la guerrière,