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LES PARABOLES DE DOM GUY.

Et l’immense troupeau, par la nuit lamentable,
En attendant, Jésus, bêlait vers ton étable !

Et voici que j’ai vu, s’allongeant hors du mur,
Comme une main qui va détacher un fruit mûr,
Une griffe, rougie à l’infernale forge,
Saisir le Grippe-sou monstrueux à la gorge
Et l’emporter, grouillant, sifflant, serrant encor
D’un poing crispé du feu qu’il prenait pour de l’or,
Afin d’être à son tour dépecé, mis en vente
Sur l’Étal éternel d’horreur et d’épouvante,
Débité membre à membre, et quartier par quartier,
Et toujours aussi vif que s’il était entier !

À toi qui tiens le Siège avec la Pentapole,
Vêtu du pallium, et la chappe à l’épaule,
Bandit de terre et d’eau, que le Diable a sacré
Pour être au grand soleil un blasphème mitré !
Puisqu’il faut pour ta soif que l’Océan tarisse,
Je dis que l’Océan est à sec, Avarice !
Et qu’au milieu de l’or sanglant qu’il entassa,
La Griffe est sur le cou de Balthazar Cossa !


III


L’Esprit m’a dit : Regarde ! — Un vol d’oiseaux funèbres,
Silencieux, battait le flot lourd des ténèbres :