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LES PARABOLES DE DOM GUY.

De n’ouïr plus chanter la céleste Serrure,
Ce, pendant qu’Astaroth et Mammon, très contents,
Ouvrent la flamboyante issue à deux battants,
Et que, la crosse au poing, dans les Obédiences,
Le Prince des damnés donne ses audiences !

Or, Caïphe et Pilate ont tant rivé tes clous,
Jésus ! Que tes agneaux sont mangés par les loups.
L’église est moribonde en son chef et ses membres ;
Les moutiers sont, du Feu sans fin, les antichambres ;
Les rois sont fort mauvais, les gens d’armes pillards,
Sans pitié des enfants, sans respect des vieillards,
Luxurieux, mettant à mal toutes les femmes,
Et dans les vases saints buvant les vins infâmes !
Puisque aussi bien, Jésus, ta terrestre maison
Est un lieu de blasphème et non plus d’oraison,
Puisqu’en cet âge sombre et tenace où nous sommes,
Ton ineffable sang est perdu pour les hommes,
Ô mon Seigneur, m’ayant de ta grâce pourvu,
Tu m’as dit : Vois ! Et dis ce que tes yeux ont vu.


I


L’Esprit a délié mon entrave charnelle :
J’ai franchi les hauteurs du monde sur son aile ;
Par les noirs tourbillons de l’ombre j’ai gravi
Les trois sphères du ciel où saint Paul fut ravi ;