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POÈMES BARBARES.


Stupide, vacillant sur ses jambes inertes,
Il pousse contre terre un mugissement fou ;
Et le jaguar, du creux des branches entr’ouvertes,
Se détend comme un arc et le saisit au cou.

Le bœuf cède, en trouant la terre de ses cornes,
Sous le choc imprévu qui le force à plier ;
Mais bientôt, furieux, par les plaines sans bornes
Il emporte au hasard son fauve cavalier.

Sur le sable mouvant qui s’amoncelle en dune,
De marais, de rochers, de buissons entravé,
Ils passent, aux lueurs blafardes de la lune,
L’un ivre, aveugle, en sang, l’autre à sa chair rivé.

Ils plongent au plus noir de l’immobile espace,
Et l’horizon recule et s’élargit toujours ;
Et, d’instants en instants, leur rumeur qui s’efface
Dans la nuit et la mort enfonce ses bruits sourds.