Page:Leconte de Lisle - Poèmes barbares.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
POÈMES BARBARES.


La fange de ses pieds souille la soie et l’or,
Et, tandis que l’on danse, il gratte avec ses ongles
Sa peau rude, en grondant comme un tigre des djungles.


II


— L’aile noire d’Yblis plane sur ton palais,
Mohammed-Ali-Khan ! Ta fortune est au faîte,
Mais la suprême part que le destin t’a faite
Va t’échoir, ô Nabab, sans beaucoup de délais.

Tes crimes les plus lourds, tes vices les plus laids,
Hâtent l’heure sinistre et vont clore la fête.
Allah ! Rien n’est profond, par l’Âne du Prophète !
Comme l’aveuglement sans borne où tu te plais.

Nabab ! Ta barbe est grise et ta prudence est jeune,
Et moi, j’ai reconnu la haine et son dessein
Par l’œil de la prière et l’oreille du jeûne.

Pourquoi réchauffes-tu le reptile en ton sein,
Ô Mohammed ? Voici qu’il siffle et qu’il t’enlace,
Et qu’il cherche à te mordre à la meilleure place ! —