Page:Leconte de Lisle - Le Sacre de Paris, 1871.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 9 −


Vois ! la horde au poil fauve assiége ces murailles !
          Vil troupeau de sang altéré,
De la sainte patrie ils mangent les entrailles,
          Ils bavent sur ton sol sacré !

Tous les loups d’outre-Rhin ont mêlé leurs espèces,
          Vandale, Germain et Teuton ;
Ils sont tous là, hurlant de leurs gueules épaisses,
          Sous la lanière et le bâton.

Ils brûlent les moissons, rasent les citadelles,
          Changent les villes en charnier,
Et l’essaim des corbeaux retourne à tire-d’ailes,
          Pour être venu le dernier !

O Paris, qu’attends-tu ? La famine ou la honte ?
          Furieuse, et cheveux épars,
Sous l’aiguillon du sang qui dans ton cœur remonte
          Va ! Bondis hors de tes remparts.