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O nef inébranlable aux flots comme aux rafales,
          Qui, sous le ciel noir ou clément
Joyeuse, et déployant tes voiles triomphales,
          Voguais victorieusement !

La foudre dans les yeux et brandissant la pique,
          Guerrière au visage irrité,
Qui fis jaillir des plis de ta toge civique
          La victoire et la liberté !

Toi qui courais, pieds nus, irrésistible, agile,
          Aube d’un monde rajeuni !
Qui, secouant les rois sur leur tréteau fragile,
          Chantais, ivre de l’infini !

Nourrice des grands morts et des vivants célèbres,
          Vénérable aux siècles jaloux,
Est-ce toi qui gémis ainsi dans les ténèbres,
          Et la face sur les genoux ?