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Là-bas, palais anciens semblables à des tombes,
          Bois, villages, jardins, châteaux,
Effondrés, écrasés sous l’averse des bombes,
          Fument au faîte des coteaux.

Dans l’étroite tranchée, entre les parois froides,
          Le givre étreint de ses plis blancs
L’œil inerte, le front blême, les membres roides,
          La chair dure des morts sanglants.

Les balles du Barbare ont troué ces poitrines
          Et rompu ces cœurs généreux.
La rage du combat gonfle encor leurs narines;
          Ils dorment là, serrés entre eux

L’âpre vent qui franchit la colline et la plaine
          Vient, chargé d’exécrations,
De suprêmes fureurs, de vengeance et de haine,
          Heurter les sombres bastions.