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foi, ne doutons pas de leur martyre ; ne blasphémons pas leur vie et leur mort, c’est là notre plus précieux héritage, c’est la sanction du rôle sublime que doit jouer l’humanité. N’oublions donc jamais les principes éternels supérieurs aux intérêts, aux hommes, aux époques ; les principes inaltérables qui vivifient toute intelligence, — la Justice et le Droit qui régénèrent la terre en s’incarnant dans les faits. Astres tutélaires, ils ont guidé durant la nuit d’hier les explorateurs de l’avenir au delà des mers inconnues ! lumières glorieuses et pacifiques, ils illumineront demain les prochaines campagnes de la terre promise !

La liberté et la vie, voilà le droit, voilà la justice. La liberté religieuse a été conquise, on sait à quel prix ; la vie ne l’est pas. Qu’est-ce que la richesse universelle aux mains du plus petit nombre ? La négation du droit de vivre pour tous. Qu’est-ce que le salariat ? La négation de la liberté. Que ressort-il de cet état de choses ? La négation de la justice. Ce sont autant de crimes de lèse-humanité, que tous y songent, qu’ils y songent encore et toujours !

Les révélations religieuses qui se succèdent parmi les hommes sont tour à tour l’idéal de l’état supérieur qu’ils doivent acquérir. C’est au pressentiment obscur de cette vérité que les dogmes ont dû d’exciter dans le cœur de l’homme les ardeurs dé-