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PARIS, 24 OCTOBRE.

La Justice et le Droit.

S’il est une foi inébranlablement fixée au cœur des nations comme au cœur des hommes, s’il est un idéal sans cesse visible aux yeux de tous et de chacun, à coup sûr, cette foi concerne la justice, cet idéal est le triomphe du droit social sur la terre. La justice et le droit ! préoccupation sacrée, éternelles idoles des grands cœurs ! De Buddha à Jésus, de Confucius à Socrate, d’Arnaud de Brescia à Jean Huss, de Jean-Jacques à la Convention nationale, dans le cours tumultueux des siècles, au plus fort des luttes, des doutes et de l’ignorance des peuples, des voix puissantes, des cœurs inspirés ont prophétisé le règne de la justice et du droit, mots sacrés qui contiennent l’avenir. Buddha et Jésus ont affranchi l’homme devant Dieu ; Confucius et Socrate ont révélé sa dignité morale ; Arnaud de Brescia et Jean Huss sont morts du supplice réservé par Rome aux précurseurs de la fraternité ; Jean-Jacques et la Convention nationale ont décrété la liberté du monde. Leurs voix se sont tues, leurs cœurs ont cessé de battre ; mais les principes éternels qui vivifiaient leur génie se sont réfugiés