Page:Leconte de Lisle - Histoire populaire du Christianisme, 1871.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
Cinquième siècle.

« eumdem laudare et vituperare pro tempore. »

En 405, Pélage, moine de Bangor, dans le pays de Galles, vint à Rome. C’était un homme savant et austère, ami de saint Paulin et de saint Augustin. Sa doctrine sur le libre arbitre et la volonté humaine consistait en ceci : que le germe de toutes les vertus est dans l’homme et que vouloir le bien c’est le pouvoir. Il niait donc le péché originel, c’est-à-dire que le péché d’Adam et d’Ève eût été transmis à leur postérité. Selon lui, le premier couple avait été créé mortel, et l’état d’innocence ne l’eût pas empêché de mourir ; les enfants naissent purs de toute faute, et le baptême ne leur est pas donné pour effacer en eux aucune tache. Seulement, bien que ceux d’entre eux qui meurent non baptisés aient la vie éternelle, ils n’entrent pas dans le royaume des cieux, mais dans un lieu particulier. Quant au libre arbitre, il est aussi plein et entier en chacun de nous qu’en Adam avant sa faute, et il permet à l’homme, même païen, de s’élever à la plus éminente perfection.

Pélage s’attacha, à Rome, un moine écossais nommé Céleste qui devint le plus ferme appui de sa doctrine ; mais il se suscita un ennemi acharné qui fut saint Augustin.

Celui-ci était né à Tagaste, en Numidie, l’an 354, du décurion Patrice et de Monique, canonisée depuis. Il avait été Manichéen dans sa jeunesse, jusqu’en 387, époque à laquelle saint Ambroise le convertit et le baptisa à Milan. Prêtre en 391, il attaqua les Manichéens ses premiers maîtres, et fut élu évêque d’Hippone, en Afrique, en 393.