Page:Leconte de Lisle - Hésiode.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toutes choses. N’ayant pas encore trente ans, ou n’ayant pas beaucoup plus, conduis une épouse dans ta demeure ; c’est l’âge qui te convient pour le mariage. Qu’une femme soit nubile à quatorze ans et se marie à quinze. Épouse une vierge afin de lui enseigner les mœurs chastes. Conduis surtout dans ta demeure celle qui habite près de toi. Apporte à ces choses la plus grande attention, de peur d’épouser la risée des voisins. Une femme irréprochable est le meilleur bien qui puisse échoir à un homme ; mais la pire calamité est une femme amie des festins, qui brûle son mari sans torche, quelque vigoureux qu’il soit, et l’entraîne à une vieillesse rapide.

Observe la crainte salutaire des Dieux immortels. Ne fais pas de ton ami l’égal de ton frère, mais, si tu le fais, ne lui cause aucun tort le premier. Ne mens pas, uniquement pour parler. Si un ami commence à t’offenser par sa parole injurieuse, ou par action, souviens-toi de l’en punir deux fois ; mais s’il revient à ton amitié et veut t’offrir une satisfaction, reçois-la, car il est triste d’aller d’un ami à un autre ami. Que ton visage ne révèle pas ta pensée. Ne te vante pas d’être l’hôte de beaucoup, ou l’hôte de personne. Ne sois ni le compagnon des mauvais, ni le calomniateur des bons. Abstiens-toi de jamais reprocher à personne la misérable pauvreté qui ronge l’âme et qui est un don des Dieux immortels. La langue parcimonieuse est, certes, un trésor excellent parmi les hommes, et la grâce des paroles est toute dans leur mesure. Si tu parles mal, on parlera de toi plus mal encore. N’assiste pas d’un air morne aux festins publics qu’on célèbre à frais communs. Le plaisir en est très-grand et la dépense en est très-petite. Ne fais jamais, le matin, avec des mains impures, des li-