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inutile. Je te conseille donc de songer plutôt au payement de tes dettes et à éviter la famine.

Aie d’abord une maison, une femme, un bœuf laboureur et une servante non mariée qui suive tes bœufs. Aie dans ta demeure tous les instruments nécessaires, afin de n’en point demander à autrui, et de n’en point manquer si on te refuse ; car, alors, le temps passerait, et le travail ne serait point fait. Ne diffère pas jusqu’au lendemain, car le travail différé n’emplit pas la grange, ni jusqu’au surlendemain. L’activité accroîtra tes richesses, car l’homme qui diffère toujours lutte avec la ruine.

Lorsque la force de l’ardent Hèlios diminue, et que, pendant les pluies automnales, par la volonté du grand Zeus, le corps humain devient plus léger, car alors l’étoile de Seirios apparaît moins longtemps sur la tête des hommes soumis à la Kèr, et brille surtout dans la nuit ; lorsque la forêt, coupée par le fer, devient incorruptible, que les feuilles tombent et que la séve s’arrête dans les rameaux ; alors, souviens-toi qu’il est temps de couper tes bois. Taille un mortier à trois pieds, un pilon de trois coudées et un essieu de sept pieds. Certes, telle est la meilleure mesure. Puis, tu tailleras un maillet de huit pieds, puis une jante de trois palmes pour un char de dix, et, en outre, plusieurs morceaux de bois courbe. Apporte dans ta demeure, si tu le trouves sur la montagne ou par les champs, un manche de charrue en yeuse ; c’est le manche le plus solide pour faire travailler les bœufs. Un élève d’Athènaiè l’adaptera au timon et le fixera au dental avec des clous. Alors, en travaillant dans ta demeure, dispose deux charrues, l’une assemblée et l’autre compacte. Cela est pour le mieux. En effet, si tu romps l’une, tu attacheras l’autre aux bœufs. Les plus forts timons sont en laurier ou en orme ; le