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le veut, il regarde ce procès qui se juge dans la ville. Mais je ne veux plus passer pour juste parmi les hommes, ni mon fils, puisque c’est un malheur d’être juste, et que le plus inique a plus de droits que le juste. Cependant je ne pense pas que Zeus qui se réjouit de la foudre veuille que les choses finissent ainsi.

Ô Persès, garde ceci dans ton esprit : accueille l’esprit de justice et repousse la violence, car le Kroniôn a imposé cette loi aux hommes. Il a permis aux poissons, aux bêtes féroces, aux oiseaux de proie, de se dévorer entre eux, parce que la justice leur manque ; mais il a donné aux hommes la justice, qui est la meilleure des choses. Si quelqu’un, dans l’agora, veut parler avec équité, Zeus qui regarde au loin le comble de richesses ; mais s’il ment, en se parjurant, il est châtié irrémédiablement : sa postérité s’obscurcit et finit par s’éteindre, tandis que la postérité de l’homme juste s’illustre dans l’avenir, de plus en plus.

Je te donnerai d’excellents avis, très-insensé Persès ! Il est facile de se jeter dans la méchanceté, car la voie qui y mène est courte et près de nous ; mais les Dieux immortels ont mouillé de sueurs celle qui mène à la vertu ; car elle est longue, ardue, et, tout d’abord, pleine de difficultés ; mais, dès qu’on est arrivé au sommet, elle est aisée désormais, après avoir été difficile.

Il est le plus sage celui qui, expérimentant tout par lui-même, médite sur les actions qui seront les meilleures une fois accomplies. Il est aussi très-méritoire celui qui consent à être bien conseillé ; mais celui qui n’écoute ni lui-même ni les autres est un homme inutile.

Mais souviens-toi toujours de mon conseil, et travaille, ô Persès, race des Dieux, afin que la famine te déteste et que Dèmètèr à la belle couronne, la Vénérable, t’aime et