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nuées. Le rossignol, déchiré par les ongles recourbés, gémissait ; mais l’épervier lui dit ces paroles impérieuses :

— Malheureux, pourquoi gémis-tu ? Tu es, certes, la proie d’un plus fort que toi. Tu vas où je te conduis, bien que tu sois un Aoide. Je te mangerai, s’il me plaît, ou je te renverrai. Malheur à qui veut lutter contre un plus puissant que soi ! Il est privé de la victoire et accablé de honte et de douleurs.

Ainsi parla l’Épervier rapide aux larges ailes.

Ô Persès, écoute la justice et ne médite pas l’injure, car l’injure est funeste au misérable, et l’homme irréprochable lui-même ne la supporte pas facilement ; il est accablé et perdu par elle. Il y a une autre voie meilleure qui mène à la justice, et celle-ci l’emporte toujours sur l’injure ; mais l’insensé n’est instruit qu’après avoir souffert. Le Dieu témoin des serments est écarté par les jugements iniques. La justice est irritée, en quelque lieu où la conduisent des hommes, dévorateurs de présents, qui outragent les lois par des jugements iniques. Vêtue d’air, elle parcourt en pleurant les villes et les demeures des peuples, apportant le malheur aux hommes qui l’ont chassée et n’ont pas jugé équitablement. Mais ceux qui rendent une droite justice aux étrangers comme à leurs concitoyens et qui ne sortent pas de ce qui est juste, ceux-là font que les villes et les peuples prospèrent. La paix, nourrice des jeunes hommes, est sur leur terre, et Zeus qui regarde au loin ne leur envoie jamais la guerre lamentable. Jamais la faim, ou l’injure, n’éprouve les hommes justes, et ils jouissent de leurs richesses dans les festins. La terre leur donne une abondante nourriture ; sur les montagnes, le chêne porte des glands à sa cime et des abeilles à la moitié de sa hauteur. Leurs brebis sont chargées de laine et leurs femmes enfantent des