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nos. Et celui-ci tomba comme un chêne ou comme un haut rocher frappé par l’ardente foudre de Zeus. Il tomba ainsi et ses armes d’airain retentirent autour de lui. Et le fils de Zeus, au cœur inébranlable le laissa, voyant Arès, le fléau des hommes qui s’avançait en le regardant avec des yeux terribles. De même qu’un lion qui, ayant trouvé une proie vivante, lui déchire les chairs avec des ongles acharnés et lui arrache aussitôt sa chère âme, et dont le cœur est plein d’une noire fureur, et qui regarde avec des yeux flamboyants et terribles, [430] fouettant de sa queue ses flancs et ses épaules et creusant la terre de ses griffes, de sorte que nul n’oserait le braver, ni le combattre ; de même l’Amphitryôniade, insatiable de clameurs guerrières, redoublant d’audace, courut au-devant d’Arès qui s’approchait, le cœur plein de douleur. Et tous deux, avec des cris, se ruèrent l’un contre l’autre.

De même qu’un rocher tombé d’un haut sommet, roule au loin en bondissant avec un bruit immense, jusqu’à ce qu’un rocher plus élevé l’arrête en s’opposant à lui ; [440] de même le terrible Arès qui fait gémir les chars se rua en criant ; mais l’Amphitryôniade l’arrêta inébranlablement. Et Athènaiè, fille de Zeus tempêtueux, vint au-devant d’Arès avec la noire Aigide ; et, le regardant d’un œil sombre, elle lui dit ces paroles ailées :

— Ô Arès ! retiens ta force impétueuse et tes mains inévitables, car il ne t’est point permis de tuer Hèraklès, le fils audacieux de Zeus, ni d’enlever ses armes illustres. Va ! retire-toi du combat et ne me résiste pas.

[450] Elle parla ainsi, mais elle ne persuada pas le cœur magnanime d’Arès, et celui-ci, avec de hautes clameurs, et brandissant ses armes semblables à la flamme, se rua promptement contre la Force Hèrakléenne, désirant le tuer. Et irrité de la mort de son fils, il lança sa rapide